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  • : Michel Crémadès... Ma vie d'homme, ma vie d'artiste
  • : Vous parler de ma passion, pousser mes coups de gueules, ouvrir pour vous un peu le livre de ma vie et peut-être répondre aux interrogations que vous avez quant à mon métier d'acteur...
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Merci de me rendre cette petite visite !!!

 

J’aime passionnément mon métier comme je peux le détester parfois, mais pour vous, public, ma fidélité a toujours été sans faille. Mon ami Patrick Jorge, qui organise des festivals de cinéma, me dit souvent :
 

 "Quand je dis ton nom, les gens ne tiltent pas forcément, mais lorsque je montre ta photo, la réaction est immédiate ! Le public te suit depuis des années entre cinéma, théâtre et télévision et t’apprécie énormément pour ton travail." 


Si vous faites partie de tous ces fans, je vous remercie et tâcherai d’être encore quelques années à la hauteur. Mon ami rajoute et j’en finirai là :

 

« La célébrité, c’est être connu, la popularité, c’est être reconnu !!! »

 

Je suis donc très fier d’être populaire.

 

Je vous invite à vous inscrire sur la newsletter en haut, à droite afin de recevoir la suite de mes aventures !!!

 

 

 

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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 10:14
Le temps d’éplucher les journaux, lors d’un bref passage à Paris, et je trouve une annonce émanant du « Groupe Mornay ».
Ils cherchent un responsable animation pour la saison d’été, solide formation, capable de s’occuper de toute une équipe, ayant le sens de la gestion et surtout, sachant monter des spectacles.
 
Le rendez-vous avec le grand patron se passe un samedi après-midi.
Un bel immeuble à Paris, j’appuie sur un bouton puis je pousse une porte vitrée, elle ne s’ouvre pas.
Un monsieur arrive, faisant de grands gestes. Il ouvre cette maudite porte en me disant :
 
« Vous ne voyez pas qu’il faut tirer, c’est marqué !»
 
C’est lui le grand patron ! Le courant passe immédiatement entre nous, mais c’est de la haute tension.
Il faut dire que j’étais d’un naturel très timide, ce métier m’a aidé à passer un petit peu au dessus de cet handicap.
Oh ! Cette « maladie » revient bien de temps à autre, malgré tout…
 
La conversation s’engage entre lui et moi à propos du poste proposé, mais, dans la famille « Je suis bloqué », donnez-moi Michel Crémadès.
Bonne pioche !!!
Je ne sais répondre à ses questions que par oui ou par non.
 
Heureusement Bernadette m’a accompagné et voyant que je m’exprime aussi brillamment qu’une carpe, elle prend la parole et petit à petit, le monsieur ne discute qu’avec elle, m’ignorant totalement.
A la fin de la conversation, il s’adresse à elle :
 
« Vous, vous me plaisez ! Vous avez travaillé comme réceptionniste, parfait, vous n’avez pas les deux pieds dans le même sabot ! Je vous embauche.»
 
Il décroche son téléphone et signifie à l’un de ses collaborateurs de garder sous le coude le dossier « embauches réception » car il vient de trouver une perle rare.
 
Grand moment cinématographique.
Bernadette, me montrant du doigt lui demande ce qu’on fait pour moi. Il cherchait,au démarrage, un chef animateur …
 
Un peu gêné quand même, il relit encore une fois mon C.V. et finit par me donner ce poste de responsable animation. Il pense sûrement au fond de lui, que la saison risque d’être des plus tristes…
 
Mai 1980 :  Nous arrivons avant le début de l’été afin de tout préparer.
 
Ce village de vacances se situe dans un parc privatif de 14 hectares en bord de mer, avec une succession de plages à l’infini, de conches, de petites baies de sable fin. Il est situé à La Palmyre, non loin de Royan, et il porte le joli nom de « La Grande Baie ».
Nous sommes en pleine nature, des arbres, des écureuils, cet air iodé que je n’ai pas le temps de respirer car je m’enferme toute la journée dans ma salle de spectacle afin d’y monter mes bandes son pour les soirées, je prépare mes jeux d’intérieur et extérieur, regarde avec attention la programmation artistique qui avait été déjà faite par le siège à Paris.
 
Tel un général en chef, je mets en place mon plan de bataille afin que les vacanciers passent les plus belles vacances de leur vie. J’ai sous mes ordres une équipe de 5 sportifs (voile, bateaux, planches à voile…), une équipe pour s’occuper des enfants. Avec moi un jeune étudiant pour m’aider, Pascal.
Il n’a pas d’expérience en matière d’animation, mais je me fais fort de lui donner cette « envie d’avoir envie ».
 
Je ne suis pas très loquace. À midi, nous déjeunons avec toute l’équipe, je reste concentré dans mon assiette et ne pense qu’à l’arrivée des premiers vacanciers afin de pouvoir « exploser ».

Cette explosion a bien lieu. Les premières voitures arrivent, j’accueille les « visages pâles », passant d’une tenue excentrique à une autre, faisant blague sur blague, je suis partout à la fois.
Je cours, saute, je fais la circulation, je me fais passer pour un vacancier et arrive en hurlant à la réception sous des prétextes divers, et ce devant des vacanciers médusés. Certains se demandent si je ne sors pas d’un H.P…
 
Le directeur du village et sa femme ont compris à qui ils avaient affaire.
Ils sont formidables et très professionnels. Ils me font toute confiance et cela me donne des ailes. Je veux que les vacanciers sachent dès leur arrivée que ce farfelu d’animateur qui va leur faire passer des vacances déjantées, se nomme Michel.
Je sais que c’est ma dernière saison, je veux finir en « beauté » et prouver à ceux qui pensaient que j’étais incapable de gérer une équipe et un budget qu’ils se sont mis la main dans l’œil.
Toute mon équipe me suit avec un grand dévouement, ils sont tous étonnés de ce changement de personnalité.
Ils m’ont connu renfermé, timide, sans odeur ni saveur et puis le Docteur Jekyll s’est transformé en Mister Hyde !!!
 
Cerise sur le gâteau, j’arrive un jour à la réception et Bernadette qui y travaille, comme intimidée ou coupable, se demandant sûrement quelle serait ma réaction,
m’annonce du bout des lèvres que je vais être papa.
 
Une des plus belles journées de ma vie allait commencer. Après avoir embrassé la future maman, je partais annoncer à tous ceux qui voulaient l’entendre la nouvelle. Ce jour là, j’étais Superman ! Comme beaucoup d’hommes qui apprennent qu’ils ont été capables de « faire » un enfant.
 
Je dis à toutes les mamans que les pères ne savent jamais assez les remercier du cadeau qu’elles nous font.
 
Soirées dansantes, spectacles, jeux, rallyes, toute y passe, dans la joie et la bonne humeur. J’invite régulièrement, aux frais de notre caisse noire, toute ma troupe à déguster au restaurant du village de vacances les huîtres, éclades de moules, mouclades, cagouilles et autres plats locaux que je vous invite à découvrir. C’est sublime !
 
L’équipe entière se donne à fond, même Bernadette n’a pas peur de voltiger dans les airs malgré sa grossesse.
 
La saison touche à sa fin, le contrat est rempli. Nous sommes épuisés, blancs comme des cachets d’aspirine, mais tellement heureux du travail accompli et fiers d’avoir été à la hauteur de la confiance de notre hiérarchie.
 
Un bon nombre de lettres de félicitations écrites par des vacanciers arrivent au siège du « Groupe Mornay », aussi, le grand patron que j’avais rencontré à Paris descend avec deux adjoints afin de nous proposer avec Bernadette de continuer à travailler pour lui. Nos conditions seront les siennes, et, avec beaucoup d’élégance, il nous octroie à chacun une grosse prime.
 
Je le remercie vivement mais lui explique que ma décision est prise.
J’arrête une fois pour toute ma vie d’animateur et pars avec Bernadette, et « bébé » à la conquête de la capitale.
Toute notre vie se trouve dans le coffre de notre R5, dont une petite machine à laver bleue de marque Calor, quel must !
 
Un nouvel épisode de notre vie va s’écrire,
Enfin, je vais bientôt le réécrire pour vous…
 
 
«  A tout bientôt !!! »
 
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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 18:26
C’est mon anniversaire aujourd’hui, aussi je vous délivre un nouvel article !
 
Suite de l’épisode 8.
 
Qui est Paulette ?
 
C’est la femme de Praline. Elle est institutrice à l’école communale de Praz sur Arly.
C'est une bonne vieille école qui sent bon la craie, l’encre et l’odeur du poêle qui vient réchauffer les élèves « quand la bise fut venue… »
Paulette Chabaud  sera en quelque sorte notre productrice, elle va nous avancer l’argent afin que nous puissions nous équiper en matériel de sonorisation, magnétophone Revox B77, micros, ampli et haut parleurs.
 
Double casquette, institutrice-productrice ! Et elle a de la poigne croyez-moi, aussi bien avec nous qu’avec ses élèves.
De par sa fonction, elle est logée au-dessus de l’école et nous l’entendons de sa voix puissante recadrer certains d’entre eux avec force et détermination.
Nous en rions avec Louis, son mari.
Les élèves un peu moins car lorsqu’elle tire les cheveux, elle ne fait pas semblant…
Louis et moi, composons notre spectacle. Certains sketches seront empruntés aux frères ennemis, à Jean Yanne, d’autres viennent du Club Med ou bien du fond de nos circonvolutions cérébrales.
Grande nouvelle! Pour faire plus mâle, j'arbore, comme mon partenaire de scène, une paire de bacchantes!
 
  Paulette s’occupe aussi de tout ce qui est    intendance.
Bernadette étant partie quelque temps en stage, je reste déjeuner et dîner chez eux. Il y a Fanny et Manu, leurs deux enfants que j’ai vu grandir peu à peu, à qui je fais de grosses bises.
 Qu’elle est bonne la soupe de Paulette quand on a froid. Que l’on apprécie sa raclette ou sa fondue ! Que de beaux réveillons passés ensemble !!!
 Mais Paulette nous donne aussi son avis sur la qualité de notre travail. Soit elle éclate de rire ou bien elle sourit avec courtoisie et part faire la vaisselle, ça veut tout dire…
 
Quel couple hors norme que Paulette et Louis, une enseignante et un artiste !
 
Avec Louis, nous aménageons à Megève notre « Café de la Gare » à nous, .
Il est artiste peintre et il fait de ce lieu, un peu glauque, un café-théâtre digne de ceux qui existent à Paris. J’essaye de me rendre utile en montant les bandes son, préparant les accessoires et en faisant le chauffeur, car Louis n’a pas son permis.
Enfin notre première représentation !
 
Nos deux femmes s’occupent de la régie son et lumière. De temps en temps, elles jouent avec nous sur scène.
Le public n’est pas nombreux, mais il a l’air d’apprécier. Ensuite tous les quatre, après les saluts, allons nous « montrer » dans les boîtes à la mode afin de faire notre promo.
Pour les habitants de Megève, nous sommes les rigolos locaux, on peut dire que nous sommes acceptés assez facilement.
Paulette rentre tôt car la cloche se réveille de bonne heure le matin à l’école communale.
 
  Mais rapidement nous comprenons que notre idée de jouer un spectacle de café théâtre à Megève pour, principalement des Parisiens qui ont tout ce qu’il faut comme lieux d’amusement à Paris, n’est pas la meilleure idée.
Les vacanciers viennent faire du ski et vont se coucher tôt pour être en forme le lendemain ou bien ils vont boire un verre dans une boite de jazz ou voir un spectacle de transformistes, mais, aller voir deux gugusses inconnus, c’est une autre paire de manche…
  Le plus beau souvenir est le jour où nous arrivons avec Louis dans notre lieu de rêve et qu’une odeur pestilentielle nous saute aux narines.
Nous montons voir le patron du bar tabac PMU et très vite nous avons l’explication.
Les eaux usées de tout l’immeuble passent dans des canalisations situées sous notre scène et l’une d’elles, en raison du gel de la nuit précédente, a pété !
Une heure avant la représentation, nous balançons quatre bombes de désodorisant, entre parfum menthe, fruits des îles, citron de Madagascar et fleurs tropicales.
 
Nos femmes font la régie en portant des masques sur le nez, le public n’est pas dupe, nous devons faire une annonce nous excusant de cette soirée « odorama » mais pour couronner le tout, nous avons un problème électrique.
En plein milieu des sketches, le compteur disjoncte suivant son bon vouloir, de façon très aléatoire. Le public s’y perd entre ces coupures et les vrais noirs lumière de fin de sketches...
 
Du coup, un des spectateurs se tient debout et dès que ça saute, hop, il appuie sur le bouton du disjoncteur. Il viendra saluer à la fin de la soirée, heureux d’avoir mis la main à la pâte, enfin, façon de parler !
 
Il faut croire que notre prestation artistique n’était pas si mauvaise car le public était heureux de passer des moments, certes un peu saugrenus, mais tellement rares !
 
Avec Louis et notre « productrice », nous comprenons vite que le seul moyen de rentabiliser l’affaire, du moins de ne pas trop bouffer la grenouille, est de jouer ailleurs.
Nous démarchons les centres de vacances, les mairies, les maisons de retraite, bref tous les lieux susceptibles d’accueillir spectacles et ateliers divers.
Gros succès ! Nous voilà partis sur les routes de France à nous donner en représentation.
 
Peu à peu nous remboursons Paulette. Nous sommes même embauchés plusieurs fois dans un centre de vacances des impôts qui à chaque fois nous paye au noir !!!
 
Puis vint une grosse tournée entièrement organisée par un administrateur, le bon Olivier, avec la famille Pilard, célèbres clowns, Patrick Valérian le chanteur et son musicien.
Une super équipe de branquignols, toujours prêts pour la rigolade tout en restant très pros.
Seule ombre au tableau, en pleine tournée, le guitariste de Patrick s’effondre sur les marches d’une église, crise cardiaque foudroyante.
Après deux jours d’interruption, le spectacle reprend, comme le veut la tradition, et nous repartons faire rire, le cœur gros, avec à chaque chanson une pensée émue pour Roland le musicien qui est parti donner la sérénade aux anges.
 
De retour à Praz, à la fin de cette tournée, nous manquons de peu d’aller rejoindre Roland...
Je conduisais ma R5 et à une centaine de kilomètres de l’arrivée, la voiture se déporta doucement sur la gauche vers un ravin.
Je m’étais endormi après avoir roulé une bonne partie de la nuit et le réflexe de Louis qui redressa le volant fut salvateur. Il ne dormait que d’un œil !
 
Puis ce fut l’heure du bilan. Je voulais être comédien, cette fois, j’en étais sûr, donc il fallait que je « monte » à la capitale.
Louis avait sa vie en haute Savoie, sa femme Paulette, ses enfants.
Son atelier marchait bien, on décidait donc de se séparer et de suivre chacun sa route.
 
Cela me toucha énormément lorsque, quelques années plus tard, il m’avoua au téléphone qu’il était allé me voir au cinéma dans « Les Ripoux » et qu’à la fin de la séance, il s’était levé pour applaudir, les yeux bien chargés d’émotion.
 
Sacré Louis, incroyable Paulette…
Nous nous voyons toujours et, comme des anciens combattants, nous ne parlons, encore une fois que des bons moments !
 
A la moitié du printemps, nous montons à Paris avec Bernadette, afin que je puisse trouver pour la dernière fois un poste d’animateur, afin de mettre un peu d’argent de côté, et elle de réceptionniste.
 
Suite à quoi, Paris, cours d’art dramatique, castings, rôles, bref enfin, le grand bain…
Au risque de boire de bonnes tasses!
Mais tout ça ne s’est pas fait si facilement…
                                                                                                                                                           
 
 
«  A tout bientôt !!! »
 
 
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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 10:40
Bon, j’en étais où ?
Oui, la panne de voiture à cause du cabochon d’alternateur et puis Bernadette.
Tous les deux, c’est le grand amour, et sans paparazzi.
Ma famille accepte du bout des lèvres cette fille un peu tête en l'air, souvent distraite qui, lorsque ma soeur l'invite à dîner, n'hésite pas à exploser son service en porcelaine qui venait de la grand-mère et auquel elle tenait tant! C'est le trac...
Maintenant on rit de cet épisode plutôt cocasse.
Sur cette photo, sortie en famille sur les bords de l'Arly avec soeurs, frère, nièces et neveux.           Bernadette n'y est pas...
Bref il fait grand beau temps sur notre vie mais les nuages ne vont pas tarder à se former au dessus de ma tête et surtout à l’intérieur…!
 
En effet mon ex petite amie revient afin d’honorer son contrat.
C’est l’une des périodes les plus douloureuses de ma vie car je n’aime pas faire du mal à quelqu’un et je suis conscient que cela va arriver.
 
Je vais donc chercher Pat à la gare de Sallanches. Elle me saute au cou et je ne sais quoi faire, quoi dire.
Comment lui expliquer que je ne me suis pas comporté comme un homme…
Je vis avec sa meilleure amie depuis pratiquement son départ ?
C’est digne d’une mauvaise série télé Américaine.
Non, c’est la vie…
 
Je préfère qu’elle emménage dans son logement alors qu’elle espérait venir habiter chez moi. Je la sens inquiète, elle se pose plein de questions.
 
Pourquoi cette froideur de ma part ? Elle demande conseil à Bernadette.
Pourquoi Michel est-il si distant, que s’est-il passé depuis mon départ ?
Il y a quelqu’un d’autre dans sa vie ?
Evidemment, autant de questions laissées sans réponse.
Par peur de la blesser ou par manque de courage, je ne lui dis rien.
 
Cela va durer presque un mois. Heureusement un « corbeau » va lui révéler la vérité et sa meilleure amie va devenir sa pire ennemie.
Ce qui est terrible c’est que, pour elle, je ne suis pas coupable.
J’ai beau lui expliquer que tout est de ma faute, rien n’y fait.
Je reste à ses yeux le garçon le plus merveilleux de la terre.
 
Rien que d’écrire ces quelques lignes, je sens à nouveau ce malaise qui ne m’a jamais quitté depuis toutes ces années. Que de regrets…
 
J’ai longtemps cherché à revoir cette jeune fille si belle, si douce, avec qui j’ai passé des instants merveilleux, et qui pour moi a été une des femmes de ma vie pendant de longs mois.
Je voulais la retrouver afin de lui expliquer… Mais expliquer quoi ?
La vie est parfois d’une immense cruauté.
 
Comme pour oublier au plus vite cet épisode, je décide, avec Bernadette, de quitter la haute Savoie. Nous nous installons dans le 06, à Menton, ville nichée entre la principauté de Monaco et la Riviera Italienne.
Pourquoi Menton ?
 
J’ai des amis qui travaillent dans un centre de vacances, ils m’ont tellement parlé de la région et puis c’est l’été, il fait beau, il y a des touristes, et cela me donne des idées.
Comment vivre à Menton et quoi faire? D’abord, nous avons économisé quelques pépettes, ensuite, notre stratégie est bien huilée. Pendant que je ferai quelques numéros visuels dans la rue, à la terrasse des bistrots, Bernadette passera la cébille.
C’est enfin l’affrontement « amical » avec un vrai public.
 
Donc nous louons un petit studio avec vue sur la mer. Magnifique ! Nous avons même un droit d’accès à la piscine de l’immeuble ! Nous n’y mettrons qu’une seule fois les pieds.
 
Puis le temps passe, le temps passe, il passe et il repasse…
 
Je crois qu’au fur et à mesure, tel un ballon de baudruche, je me dégonfle et puis l’idée de voir la femme que j’aime faire la manche m’insupporte.
Orgueil Espagnol !
Non, décidemment, je ne peux pas, c’est au dessus de mes forces.
Alors nous passons nos journées enfermés dans ce joli studio à regarder la mer.
 
Il me semble que l’expression « vivre d’amour et d’eau fraîche » a été inventée pour nous.
 
Malheureusement, nos économies fondent comme une glace au citron de Menton.
Cela ne nous empêche pas d’aller le soir à Monaco afin de jouer au casino…
Nous y passons une bonne heure à regarder les joueurs puis nous dépensons magistralement cinq francs, pas plus, et ayant tout perdu, nous rentrons au studio.
 
Le 31 juillet 1978, j’apprends une nouvelle qui va me terrasser, mon père vient de partir vers des cieux plus cléments, emporté par une crise cardiaque.
J’essaye de trouver un train pour Paris, c’est un départ de vacances, pas de place, c’est l’horreur.
Je ne vais arriver sur Paris que pour la cérémonie. Je ne pourrai pas voir mon père une dernière fois, mais après tout, est-ce bien important…
Il vaut mieux le garder « en vie » dans sa tête.
 
La famille est réunie autour de ma mère, notamment mes sœurs et mon frère. Nous parlons du passé, les souvenirs les plus merveilleux ressurgissent. Nous passons des larmes aux rires comme cela arrive souvent lors d’un décès.
 
De retour à Menton, heureusement j’ai Bernadette pour m’aider à accepter la mort d’un être cher et tout ce que cela comporte.
Les  « j’aurais du, si j’avais su, pourquoi je n’ai pas… » .
 
Je répète souvent à mes enfants que la mort fait partie de la vie et qu’il faut l’accepter ; Se dire qu’elle n’est pas un point final. C’est trop dur de l’affronter d’un seul coup et de la prendre en pleine figure.
 
Très vite, pour me changer les idées et renflouer les caisses, je me vois obligé d’accepter de finir la saison comme animateur, comme me le propose si gentiment mes amis dans leur centre de vacances. Pour l’anecdote, c’est là que travaillera ma copine Mimie Mathy après être passée chez Michel Fugain.
 
Pour moi, cette décision est un échec !!!
 
A la fin de la saison, après avoir cogité, nous décidons de repartir vers Praz sur Arly, haute Savoie, afin d’y établir notre camp de base. La montagne sera dure à escalader…
 
Avec Louis Chabaud dit « Praline », natif d’Aubagne…
Vous savez l’animateur, peintre, sculpteur, joueur de foot et de pétanque, je vous avais bien dit que je vous parlerai de lui à nouveau…
Avec lui, donc, nous décidons de monter un spectacle que nous allons jouer dans le sous-sol d’un bar tabac PMU de Megève. Nous louons ce lieu, à nous de rentabiliser.
 
C’est l’hiver ! Heureusement, nous avons Paulette !
Oh Paulette, Paulette, Paulette, Paulette !!! 
Qui est-elle ?
Si vous lisez la suite, vous le saurez…
 
 
«  A tout bientôt !!! »
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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 19:27
Au revoir Reims, fini les treillis, rangers et autres tenues kaki, j’ai fait une bise à mon char AMX 10, suis allé serrer la main des gradés, surtout celle de mon adjudant et me voilà de retour en Haute Savoie afin de reprendre mon poste d’animateur, je n'ai toujours pas de moustache!
 
Je finis de passer mon permis de conduire à Sallanches.
Code et conduite du premier coup, la classe ! Et puis, c’est l’émotion de ma première voiture !
 
J’achète une « Honda S800 » d’occasion. Petite voiture sportive et nerveuse de couleur rouge, au minuscule levier de vitesse, elle devient la pièce maîtresse de ma panoplie du parfait dragueur vu qu’il n’y a qu’une place « passagère ».
C’est la voiture que l’on retrouve dessinée dans les « Spirou et Fantasio ».
 
Malheureusement lorsque l’on roule, sa suspension me fait penser à celle de mon char AMX 10 de l’armée !
 
Je peux donc emmener mes conquêtes, sans aucune discrétion, jusqu’à des 160 Kms/h.
Ah jeunesse !
A partir de maintenant, je vais interdire à mes enfants de lire mes articles…
 
Cette voiture finira sa vie dans une congère, dérapage incontrôlée, tout l’avant à refaire, huit mois d’attente pour de nouvelles pièces. Adieu ma voiture de sport, option « drague », j’achète une R5 TL.
 
Les saisons s’enchaînent, la mentalité des vacanciers a changé ou bien est-ce moi qui ai mûri et qui vois les choses différemment ? Je les trouve plus exigeants, plus agressifs. Le village vacances a une politique qui offre de plus en plus de choix quant aux loisirs, logements, principes de restauration, garde des enfants.
 
Ce n’est plus l’époque où les vacanciers débarrassaient les tables et allaient faire la vaisselle, ce qui créait une vraie complicité entre eux, permettait des échanges, et donnaient place à des fous rires que je n’ai plus retrouvés par la suite.
Bref, je pense que ces nouveaux « acquis » ont changé la mentalité des vacanciers.
Nous passons à la génération :
 
« Je suis client, j’ai payé, je suis le roi et j’ai le pouvoir divin de pourrir votre existence d’employé tout à mon dévouement, et ce, 24h/24… »
 
Cette ambiance va sûrement contribuer au fait que je commence à compter les jours et que l’appel de la scène résonne de plus en plus dans ma tête.
Il faut que je devienne un vrai artiste, un pro, donc il faut que je monte à Paris en fredonnant la chanson de Charles : « Je m’voyais déjà … »
 
Pas facile car lorsque vous bossez dans ces villages de vacances, vous êtes pris en charge presque complètement, nourriture et logement. Pas de courses à faire, un tout petit loyer, des rencontres très souvent sympas. Vie facile…
 
Alors aller à Paris pour prendre des cours d’art dramatique, trouver un petit boulot, se loger, assumer la pitance …
C’est le grand saut dans l’inconnu, dans ce qui fait peur, alors on retarde l’échéance !
Et puis, on se dit : « Suis-je vraiment fait pour être comédien professionnel ? », et toujours sans moustache...
 
En attendant de prendre une décision, j’ai le bonheur de vivre depuis peu avec une très jolie brune, mais oui, que j’appellerai Pat. Je l’ai même présentée à mes parents lors d’une escapade à Paris. Elle travaille à la réception.
 
Mais par un bel après-midi du mois de décembre 1976, je suis en train de discuter avec un autre animateur à l’entrée du village vacances, lorsqu’ arrive une nouvelle recrue prévue pour être réceptionniste, elle se prénomme Bernadette, elle est blonde.
Elle est belle comme un cœur, a beaucoup de présence, aussitôt les mâles sont en ébullition !!!
 
Bernadette et Pat deviennent les meilleures amies du monde, mais en avril, pendant l’inter saison, Pat s’en va, ayant signé son contrat pour revenir travailler au mois de juillet 1977.
 
J’ai l’impression d’écrire pour un magazine « People », tant pis, c’est la vérité de ma vie.
 
J’étais très copain avec Bernadette, rien de plus. Mais la vie va en décider autrement.
Un soir, je projette un film aux retraités.
Après avoir transpiré dans ma cabine de projection je croise Bernadette qui me dit : 
 
« Je vais me coucher, je suis crevée, demain j’emmène mes retraités en excursion très tôt et en car ».
 
Je lui propose quand même de venir avec moi prendre un pot vite fait à Megève.
Il y en a pour trente minutes maximum.
 
Nous voilà partis tous les deux dans ma R5. C’est l’inter saison et ayant du mal à trouver un bistrot ouvert, je décide de continuer ma route vers Chamonix !
Il ne reste plus qu’une trentaine de kilomètres à faire.
 
Tout ressemblance avec des personnages existants ou ayant existés n’est pas fortuite, ce que je vais vous raconter est la vérité.
 
Nous arrivons à Chamonix, et la voiture commence à avoir des ratés. Elle se met à ralentir, avoir des à-coups. Je m’arrête une première fois, ouvre le capot, vérifie qu’il y a bien un moteur. Oui, la mécanique et moi…
 
Nous repartons et arrivons tant bien que mal dans un pub. Ayant lu la carte, nous décidons de grignoter un petit quelque chose.
La serveuse arrive pour prendre la commande.
En même temps, comme d’une seule voix, Bernadette annonce « Un croque-monsieur », et moi « Un croque-madame ».
Aussitôt nous nous regardons, prenant conscience de ce qui a été dit. Nous rions, mais ce rire est teinté d’un trouble évident mêlé d’une certaine gêne.
 
Il est en train de se passer quelque chose, nous en sommes conscients.
 
Nous reprenons notre chemin et, par trois fois la voiture recommence à faire des siennes. Je me gare comme je peux sur le bas-côté. Cette route amène au tunnel du Mont-blanc et les poids lourds, en passant, font que la voiture est secouée dans tous les sens, ce qui ne nous rassure pas beaucoup.
Mais, comprenant qu’à chaque fois qu’on laisse le véhicule se « reposer » un instant, il repart pour faire plus ou moins cinq kms, je propose à ma compagne d’infortune de se reposer, notre retour se fera donc en plusieurs étapes…
 
La pauvre commence son excursion le matin à 7h30 et il est presque minuit.
Je suis embêté de lui faire subir, très involontairement ce « coup de la panne. »
Je mets son siège en position couchette et la couvre de mon manteau afin qu’elle n’ait pas froid.
Coup de théâtre… Arrivât ce qu’il devait arriver…
 
Malgré le froid à l’extérieur, mon sang doit être à une température de 50°. J’ai la respiration un peu coupée, des bourdonnements d’oreilles, le rythme cardiaque s’accélère, vite un brancard, je suis en plein dans la série « Urgences ».
Je sens tous les symptômes du désir m’envahir. Je crois qu’il en est de même pour ma compagne d’infortune.
 
Je vous passe les détails…
 
Après quatre arrêts, nous remontons la côte qui amène de Sallanches à Megève puis Praz sur Arly. Au détour d’un virage, je vois un écriteau « Garage à 50 mètres ».
Je prends ce petit chemin, manque de me faire bouffer par un Berger Allemand puis, m’adressant au garagiste qui s’approche, je lui explique mon problème. Il me dit :
 
« Oh, je vois ce que c’est ! Ouvrez votre capot »
 
J’obéis, il jette un œil puis m’annonce fièrement :
 
« Oui, c’est ça, regardez, c’est le cabochon d’alternateur qui s’est défait. »
 
Il appuie dessus, ça fait un petit clic, il m’explique pourquoi la voiture avait du mal à avancer puis, lorsque je lui demande combien je lui dois, il sourit en me disant qu’il n’a fait qu’appuyer sur une pièce qui doit coûter 3 francs et que je ne lui dois rien du tout.
 
Comme je l’ai dit lorsque je suis passé avec ma femme dans l’émission de Mireille Dumas, « Bas les masques », il y a quelques années de cela :
 
« Un cabochon d’alternateur à 3 francs mal enclenché fait que je me suis retrouvé marié quelques années plus tard et père de trois enfants !!!»
 Ah ! Je ne vous ai pas dit, avec
                               Bernadette...
 
 
 
«  A tout bientôt !!! »
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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 10:57
« On n’a pas tous les jours 20 ans !!! », comme le dit la chanson…
 
Sitôt soufflées les bougies d’anniversaire et me voilà dans le train. Direction la ville de garnison de Reims, « fournée 75/04. »
Le réseau SNCF de l’époque étant ce qu’il était, j’arrive, après deux changements de trains, en pleine nuit au quartier « Jeanne d’Arc » situé boulevard Pommery.
 Le nom chante comme des bulles dans une flûte à champagne mais la caserne coupe toute velléité d’engagement dans l’armée.
 
Arrivé à l’entrée, une jeune recrue regarde d’un œil ensommeillé mes papiers et m’envoie vers la section 4. On me montre ma chambre, elle est très spacieuse, au moins 50 M² !
Seul souci,  je vais devoir partager cette piaule avec une cinquantaine d’autres appelés.
Ils ont été, eux, incorporés dans la journée. Moi, j’arrive à une heure du matin et le sergent éclaire de sa lampe torche un lit vacant, me disant :
 
« Trop tard pour les draps, t’as qu’à dormir dans les couvertures, on verra le reste demain. »
 
Je me couche donc dans un lit et des couvertures trop humides à mon goût, et je passe ma première nuit, bercé par le ronflement de mes camarades de chambrée…
The Reims philarmonic orchestra !
 
Je suis réveillé par des :
 
 «Tiens, y’a un nouveau qui a dû arriver cette nuit ».
 
Eh oui, désolé ! Puis je suis secoué par un caporal qui m’annonce franco :
 
« T’as dormi là ??? Dans ce même lit y’avait un type hier mais il s’est ouvert les veines, on l’a mis à l’infirmerie mais on n’a pas eu trop le temps de nettoyer. »
 
Je comprends alors en regardant le matelas et les couvertures le pourquoi de l’humidité !!!
 
Tout part donc sur de très bonnes bases ! Je vous rassure, le garçon ne voulant pas faire son service militaire s’en est sorti. Les entailles étaient très peu profondes, il avait bien secoué les bras pour en mettre partout, et après 3 mois de disciplinaire, on l’a mis à la porte de la caserne pour troubles mentaux...
 
Donc, bienvenue dans le 1er Groupe de chasseurs, régiment en garnison à Reims depuis 1956 qui est doté de véhicules de transport de troupes AMX-10 P, de chars de combat AMX-30 et de véhicules de l'avant blindé. Ce régiment d'infanterie mécanisée appartenait à la 10e Division blindée et prenait place dans le 1er Corps d'armée du corps de bataille blindé mécanisé de l'armée française.
J’ai l’habitude de vivre en collectivité et passionné par le sport en général, je vais être servi !
 
Football, hand ball, footings par des températures sous zéro, marches de jour comme de nuit de 20, 50 voire 100 kilomètres avec tout un bardas de trente kilos, opérations « On se refait le Vietnam à Reims », stages commandos dans les environs dans lesquels nous étions suspendus sur des fils métalliques au dessus du vide à crapahuter debout, à plat ventre, ou sur le côté, les fameux pont de singe dignes du « Pont de la rivière Kwaï », le meilleur étant de sauter dans le vide, aggripé à une barre métallique fixée sur un câble. Dénivelé de 400 mètres, sur une longueur de 3000 mètres, la vitesse suivant le poids de l’individu pouvait atteindre les 180 Kms/h.
Ca va, je ne suis pas très épais.
 
Beaucoup arrivaient en bas version « J’ai tout vomi pendant la descente ».
 
Nous  sommes même partis 10 jours dans les Pyrénées pour crapahuter en montagne, sans être équipé bien sûr. Mais là, c’était mon truc, et j’encourageais même les plus gradés pour atteindre le Nirvana des sommets. 
Il faut vous dire qu’à cette époque le prix du pétrole avait quelque peu flambé, aussi, moins on utilisait le matériel roulant, plus on faisait des économies.
 
Les pieds crevassés étaient remplis d’ampoules, nos estomacs découvraient la popote  « bromure », bref tout était en berne...
Surtout le moral, pour certains…
 
Mais tout arrive...
Deux mois plus tard, nous allions passer aux choses plus sérieuses. Stages de tirs au pistolet automatique et autres armes ainsi que la découverte du matériel roulant. Mesdames, messieurs, votre serviteur se retrouvait dans la tourelle du char du capitaine, un AMX-10, avec canon, deux mitrailleuses , deux radios pour pouvoir, en manœuvre communiquer avec les autres.
 
Sur mon char tout était en double, du coup je travaillais deux fois plus que les autres radio tireurs ! Et il fallait que ça brille !
 
En avant les manœuvres!
 
 
 
J’ai souvenir du char fonçant vers un hypothétique ennemi dans les plaines accueillantes et bosselées de Mourmelon. Un vrai western.
 
Le capitaine hurlait des ordres à la radio aux autres chars, puis  arrivé à 200 mètres des cibles à abattre (Immenses cibles en carton), il fait piler l’armada. Les chenilles dans un vacarme du diable se mettent en action, l’avant du char se lève, dans l’habitacle à l’arrière où sont entassés 8 fantassins en arme, c’est pire que le Billabong à la fête foraine, les portes s’ouvrent, ils descendent et se mettent à courir. Sus à l’ennemi !
Les pauvres, à force d’être secoués dans tous les sens, sont dans un état lamentable, ils titubent, n’ont plus aucun sens de l’orientation, maman, au secours, viens me chercher !
Lorsqu’ils ont dépassé notre char d’une trentaine de mètres, quelle n’est pas ma surprise d’entendre le capitaine annoncer au pilote :
 
« En avant !»,
puis de me dire :
 
« Feu à volonté ! »
 
Nous tirons avec de vraies munitions, elles ne sortent pas de chez
« Cotillons, articles de fêtes, kermesse, farces et fantaisies ! »
Le capitaine, ivre de bonheur, tire à la mitrailleuse mais, comme le char fait des embardées, les balles peuvent facilement atteindre nos pauvres fantassins. De la démence !
M’armant d'un courage des plus pacifiques, je lui demande d’arrêter de se prendre pour Rambo. Il finit par comprendre.
Ouf ! On l’a échappé belle, enfin, surtout mes camarades!
 
 
Il me fallait quelqu’un dans la place, aussi, très vite je deviens « l’ami » de l’adjudant car, ayant appris que je travaillais dans l’artistique, il m’avait mis en relation avec quelques garçons en charge de monter un spectacle de fin d’année pour les enfants des gradés.
Je les rencontrais. Ils pataugeaient dans l’écriture de sketches de clowns.
 
Eh, eh, Zorro était arrivé !!!
 
Je leur proposais les textes que j’avais déjà joués, distribuais les rôles, prenant pour moi celui que je tenais toujours, à savoir celui de Monsieur Pipo.
 
Utilisant une fine stratégie militaire, je passais mon temps à encenser l’adjudant qui était plus petit que moi. Ca, déjà, fallait le faire, et qui, comment le décrire ???  
C’était vraiment un adjudant…
Lorsque nous faisions du hand ou du foot, je faisais tout pour lui passer le ballon en lui criant :
 
« Allez-y mon adjudant… C’est super mon adjudant ! »
 
Il n’était pas vraiment un grand sportif. Il soufflait sans arrêt, n’avait pas le sens du jeu, ratait presque tous les ballons mais je lui disais régulièrement toute mon admiration pendant que les copains me traitait de « lèche… », vous devinez la suite ! J’étais copain avec tout le monde, toujours prêt à amuser la galerie, et je me suis vraiment bien amusé...
 
Lors d’une séance de tir au P.A, (pistolet automatique), il m’avait nommé responsable du chargement des armes. Je mettais 5 balles comme il se doit dans le chargeur des copains et m’en mettais 7 dans le mien afin d’augmenter mes chances de mettre des balles dans la cible.
 
« Prenez donc exemple sur Crémadès, regardez le nombre de balles qu’il met dans la cible », disait-il.
 
Je le remerciais vivement de ses encouragements sous le regard dépité de mes camarades.
 
Le spectacle de fin d’année approchait. Nous approchions d’un week-end sans permission car en D.O. (Disponibilité opérationnelle, en cas de guerre).
Je montais un bateau à mes copains de chambrée, leur disant que, ayant besoin de me reposer, j’allais voir mon ami l’adjudant afin de partir en permission. Rire général, cela était absolument impossible.
J’allais pourtant le voir pour lui expliquer qu’il fallait que je rentre chez moi en Haute Savoie afin de récupérer du matériel et des costumes pour le spectacle des enfants des gradés.
 
Tout le monde était, au coup de trompette, rangé dans la cour le petit doigt sur la couture du pantalon afin de procéder à l’appel, je m’arrangeais pour arriver un peu plus tard en civil, une valise à la main, faisant ainsi un effet théâtral digne d’un Jean Lefèvre des grands jours.
 
Tous mes potes me regardaient les yeux écarquillés pensant que j’allais finir au trou.
L’adjudant, avant de procéder à l’appel vint vers moi, et après m’avoir souhaité bon voyage, me tapa sur l’épaule et je pus ainsi prendre mon train pour passer mes trois jours à la maison, pénard.
 
J’étais ainsi devenu le comique de la troupe !
 
Mon aura fut encore plus grande après la représentation que nous avions donnée à quelques jours de Noël. Tous les gradés étaient présents avec leurs rejetons. J’avais fait répéter le spectacle de clowns comme on fait son lit, au carré ! Après les applaudissements, l’adjudant vint me chercher afin de m’abreuver de champagne et surtout me présenter à toutes les huiles présentes.
 
« C’est Monsieur Crémadès, il a monté le spectacle que vous avez vu, il fait partie de MA section ! »
 
Je lui faisais comprendre que c’était grâce à lui et aux permissions qu’il m’avait accordées que j’avais pu faire du bon travail. Ainsi mes collaborateurs et votre serviteur purent bénéficier de quelques jours de repos supplémentaires…
 
Je ne comprends toujours pas comment les autres ne m’ont pas étripé.
Mon petit jeu les amusait beaucoup, je crois.
Ils voyaient bien que cette manipulation courtoise me procurait un bonheur que vous ne pouvez imaginer.
 
J’ai eu l’honneur de faire verser quelques larmes à mes parents lors du défilé du 14 juillet, en effet, à bord de mon AMX 10, je passais fièrement devant le président de la République de l’époque.
 
Papa et maman me voyaient pour la première fois à la télévision !!!
 
Nous étions arrivés à 4 heures du matin et jusqu’au départ de la colonne, les habitants des quartiers venaient régulièrement nous alimenter, principalement en « liquide ».
Mon pilote était bourré comme un coing et avait du mal à tenir le manche. Le sergent qui était à mes côtés était là heureusement pour le secouer à travers l’oreillette !
 
A la réflexion, ça m’aurait peut-être rendu plus « people » si on avait, par mégarde, écrasé Monsieur Valéry Giscard d'Estaing !
 
Mon année sous les drapeaux m’a enseigné beaucoup de choses.
 
J’ai compris ce que les gens qui avaient de l’autorité, étaient capables de faire, j’ai vu que ceux qui se soumettaient par peur à cette autorité, perdaient souvent leur dignité d’homme.
Je n’étais pas, pour ma part un rebelle, mais je ne me laissais pas faire.
 
C’est la première fois dans ma vie où l’espace d’un instant, j’ai eu une envie irrépressible de buter un homme, un sergent engagé.
Heureusement, après lui avoir dit ce que je pensais, je me suis calmé, et lui aussi, car il a dû voir dans mon regard que pour son bien, il devait cesser ses sarcasmes, sous peine de balle perdue…
 
Personnellement, je regrette l'arrêt du service militaire. Pour beaucoup de jeunes, c’est à mon avis l’occasion d’apprendre la vie en collectivité, d’oublier parfois le confort de la maison, ne plus être un « Tanguy » le temps d’une année. Et puis même si on en bave, ça reste une période de sa vie qui donnera par la suite de très beaux souvenirs, car on garde toujours en mémoire les meilleurs moments.
 
Comme les autres, à la fin de mon service militaire, j’ai pris une biture au champagne s’il vous plait ! Beaucoup de trouffions étaient originaires de Reims et des environs, donc la chose était aisée. Comme les copains, j’ai arboré fièrement la quille sur laquelle j’avais gravé plein de choses désopilantes, en hurlant très fort :
 
« La quille bordel… Zéro ! Zéro ! Zéro !!! »
 
Ceux qui ont fait leur service militaire ont tous connu ça !
 
Retour en Haute-Savoie, où vous savez ce qu’il m’arrive ?...
 
Ca sera dans le prochain épisode ! Repos ! Rompez les rangs !
 
 
" A tout bientôt !!! "
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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 18:06

Me voilà lancé dans la vie active, je vais être pour plusieurs saisons « Animateur », autrement dit : « Personne chargée d'animer certaines activités, lors d'un divertissement, d'un spectacle, d'une émission de média... »

 

 

 

  L’hiver, j’emmène les vacanciers faire du ski de fond ou des raquettes. Après avoir transpiré pour escalader la montagne à vaches, le vin chaud coule à flot chez Madame et Monsieur Marin, ce petit bistrot d’altitude dans lequel la propriétaire, « Mamy » nous accueille comme à la maison. Inutile de vous dire que la descente des verres et surtout celle à ski se passent bien mieux et plus vite que la montée. Heureusement qu’il n’y a ni radars, ni contrôles d’alcoolémie sur les pistes ! Que de chutes, de rires et le plaisir de partager les joies de la montagne avec des vacanciers qui oublient pendant quinze jours le stress de leur vie quotidienne.

 Nous organisons souvent des soirées fondues ou raclettes dans des restaurants locaux. Inévitablement cela finit avec des chansons, des danses du canard, du balai, ou encore des jeux de toutes les sortes… (Torride !)

Les spectacles du soir se multiplient pour le plus grand bonheur des vacanciers.

Mon ami Coco est parti et il est remplacé par Henri, responsable animation, un garçon talentueux, maître dans le domaine des affiches.

 

 

 

  Avec nous, Thierry, il est chanteur, guitariste et chef dragueur ! Notre grand jeu est, le soir de l’accueil des vacanciers, de repérer dans la salle les jolies vacancières et de parier qui va réussir à approcher de très prés (Restons corrects) celles que nous avons sélectionnées.

 

 

        Nous sommes, en quelque sorte l’équipe des « Bronzés bis » ...

 

 

 

   Nous finissons souvent dans une boîte de nuit «  La Crèche  » dans laquelle nous retrouvons les moniteurs de ski, eux, médaillés d’or de la drague, encore en tenue de travail, bien éméchés, qui, comme des squales, tournent autour de leurs proies.

Ambiance jerks, rocks ou slows… La musique est bien dosée et nous permet ainsi de nous parler sans avoir à nous exploser les cordes vocales, comme c’est le cas maintenant !

Je peux vous dire qu’à ce jeu là, malgré ma petite taille et mon physique très spécial, je tire très bien mon épingle du jeu et je laisse souvent pantois mes camarades lorsqu’il me voit entouré de « sacrés petits lots » dévoués à ma cause ! J’ai souvent droit au:

 « Mais comment tu fais » ?

Ca, ce sont mes petits secrets... !

La saison d’hiver terminée, après Pâques, nous recevions les retraités. Autre clientèle, autres activités…Finis les plans drague, nous allions faire notre « marché » dans l’équipe du personnel. 

Ne voyez dans mes propos aucune misogynie ou sexisme, nous n’étions ni des pervers, ni des machines à sexe. La vie se déroulait tranquillement sans arrière pensée. D’ailleurs combien de couples ont perduré, des enfants sont nés de ces unions et la vie était belle !!!

Nous organisions pour nos retraités des sorties en car, visites de la vallée d’Aoste en Italie, le Grand Saint Bernard, Evian, Annecy, etc.

Mon grand plaisir était, par le biais du micro du car, de raconter des anecdotes croustillantes dont raffolent notre troisième âge, histoires souvent issues de mon imagination, pour le plus grand bonheur de notre chauffeur de car.

 

 

   J’avais beaucoup de respect pour ces personnes. J’apprenais énormément à leur contact. Je voyais dans leurs yeux tout le poids de leur passé, certains avaient connu une, voire deux guerres mondiales, et leurs témoignages étaient bouleversants.

   J’ai la chance d’avoir une mémoire assez sensible avec, greffé dans mon hémisphère droit une webcam qui m’a toujours permis d’enregistrer les réactions, les propos ou les comportements des individus. Chose très utile pour le métier que j’exerce. Justement, lorsque j’ai tourné dans le film « Les Ripoux », je me suis inspiré pour mon personnage du « voleur de sac à main », du comportement de deux individus dans le métro. Je vous raconterai cela plus tard.

 Revenons en à nos vaches et à notre village de vacances…

 

 

   Après les retraités, nous reprenions la saison d’été et ses tournois de pétanque, ses barbecues géants, des spectacles pour enfants, pour adultes. Ma deuxième sœur Line, responsable du « club enfants » et ma sœur Anne s’en donnaient à coeur joie, la preuve...

 

 

 

 

Ah ! Scène...! Lorque l'on a goûté à tes planches !

 

 

 

 

   Des artistes venaient présenter leur spectacle.

Je pense à Garcimore. Un artiste d’une très grande générosité. Il arrivait dans un fourgon avec toute sa basse-cour. A chaque fois il avait plaisir à nous présenter des numéros nouveaux. J’adorais lui faire sa régie son et lumière. Une fois il m’annonce avec son accent inimitable :

« Je vais te faire ce soir un numéro très chouette, il s’appelle « La fondue chouette de Savoie ».

 Il installait un grand poêlon, y mettait plein d’ingrédients dont une vraie chouette. Il allumait le feu sous le poêlon et fermait avec un couvercle. Grande fumée, il était censé ouvrir et oh, magie ! Plus rien dans le récipient. C’était donc un nouveau tour et ce soir là, c’est la chouette-effraie, effrayée, qui a bel et bien commencé à prendre feu. Elle s’est envolée en criant de peur. Et mon José de dire : 

« Voilà, c’était un tour très chouette, elle a disparue par magie » !

En effet, le malheureux volatile s’était caché et, ce n’est qu’à la fin de la représentation, le public étant sorti, que je me suis pourri mes fringues en me glissant sous la scène. J’ai braqué une lampe torche sur le volatile et l’ai chopé après m’être fait labouré la main par le bec vengeur de l’oiseau.

Garcimore était au bord des larmes de voir que sa chouette qui sentait le roussi, avait perdu quelques plumes dans l’histoire.

Je garde de cet homme un excellent souvenir. C’était un grand artiste qui, pour des histoires de politique, a été plus ou moins viré des plateaux de télévision.

 

 

 

       Décontrasté... Eh oui !!!

 

 

 

 

     D’autres soirées spectacle avec, notamment celui intitulé : « 1900 »

Ce spectacle avait été créé par ma sœur aînée. Chassez le naturel, il revient au galop.

 

 

 

 

  C’était magnifique. Des décors et des costumes somptueux, des membres du   personnel motivés qui répétaient pendant leurs heures de repos… (Pas de 35 heures à cette époque !)

Bref tous les ingrédients pour donner à nos vacanciers l’envie de se rendre tous les soirs, après le dîner, dans notre « Salle des fêtes ».

Et voici qu’arrive un nouvel animateur haut en couleurs, Monsieur Louis Chabaud surnommé « Praline ». Il avait bossé au « Club Méditerranée » pendant longtemps et portait dans ses valises nombre de sketches et spectacles bien déjantés…

 

 

 

      De gauche à droite, Michel, Louis, dit Praline

et Henri

  

   De plus notre Praline avait plusieurs cordes à son arc puisque excellent joueur de boules, bon au football et artiste peintre ! Il avait et a toujours une galerie de peinture, ferme des "Meurets" à Praz sur Arly, une autre à Lyon.

 Nous nous mettions au travail très vite, et recevions régulièrement les félicitations du siège « V.V.F Paris ».

 Pour ceux qui me connaisse, vous savez bien que, en écrivant ces quelques lignes, je ne cherche pas ni à glorifier mon passé ni à me passer de la crème à "Starification".

Mais, j’aurais l’occasion de vous parler plus tard de Louis Chabaud…

           Puis un certain 23 mars, je fêtais mes vingt ans…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Avec mes sœurs, ma nièce Sophie et Elisabeth qui me donna, et je l’en remercie, mes premiers cours de rock en roll, nous allions fêter cela en montagne, neige et champagne oblige...

   Le directeur du Village vacances voulait que je fasse mon service militaire pas très loin de Praz sur Arly afin de revenir le plus souvent pour participer aux spectacles. Il avait le bras long et le fit encore plus long auprès du ministre de la défense de l’époque afin que je rentre dans les chasseurs Alpins à Chamonix.

 

 

   Gagné!...

Je reçus ma feuille de route et me retrouvait dans un camp semi disciplinaire à Reims dans les chars d’assaut !!!

          Mais ça, c’est une autre histoire…  

 

" A tout bientôt !!! "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 23:18

Pendant deux mois donc j’avais goûté à la liberté, je m’étais fait de l’argent de poche et découvert ce pour quoi, au plus profond de moi, j’étais fait. La scène, le public !

Je démarrais mon année de terminale à Paris avec toute la passion que peut avoir un escargot pour du beurre persillé.

De plus, à la maison, mes rapports étaient un peu plus tendus avec mon père et je ne faisais rien pour arranger les choses. Bref, rien n’allait comme je le désirais. Mon esprit était tourné vers, non pas « La dame de Haute Savoie », mais la montagne et tout ce que ça impliquait…

Ma sœur aînée, qui avait tout compris allait faire une proposition à mes parents qui, encore une fois, bouleverserait mon itinéraire d’enfant « un peu gâté ».

En accord avec mes parents que j’adorais, je vous rassure, je préparais mes valises pour finir ma « terminale A » à Saint Gervais, au lycée du Mont-blanc comme interne.

 

 

 

Me voilà arrivant par un bel après-midi dans l’immense cour de récréation de cet immense établissement. Le pion de service me met très à l’aise en me disant qu’il m’installe à côté d’un mec très sympa, un dénommé Lucien Campilongo, mais que je ne me fasse pas d’illusion, que mon lit finirait en portefeuille avec bizutage de rigueur pour le soir même.

Je pose donc mes affaires et sort dans cette immense cour au moment où sonne la cloche et là, des sueurs froides suivies de frissons puis de tremblements parcourent mon corps entier.

Sortent des classes les élèves nés pour la très grande majorité dans la région. Des baraques, des géants costaux de la maison « très costaux », tous initiés depuis leur plus tendre enfance au travail dans les champs, au ski, hockey sur glace, sport dans lequel, je le rappelle, on finit souvent en prison !

 

 

 

Ma fin est proche et je me demande si j’ai bien fait de quitter Paris…

 

 

 

Je me dirige vers mon premier cours, entre dans la classe, je vois une vingtaine de têtes se tourner vers moi afin de me « laseriser » depuis les cheveux jusqu’aux pieds.

C’est heureusement une classe mixte ; Et un de mes premiers regards est pour cette charmante jeune fille au grand sourire sur lequel je m’accroche. Elle se prénomme Laure.

Lorsque la prof de philo présente le parisien, futur camarade de classe, c’est elle qui fait taire les autres, comme pour me souhaiter la bienvenue.

Ah Laure ! Si tu n’avais pas été là !

Ma deuxième fille d’ailleurs portent comme prénoms Camille, Laure, Marie...

 

 

Je dis toujours que l’art dramatique devrait être obligatoire et même remboursé par la sécurité sociale. Pourquoi ? Je peux vous dire que grâce à ces deux mois de travail comme animateur, j’étais un autre. J’étais plus sûr de moi, à tel point que j’allais serrer les mains de tout le monde, parlant de tout et de rien, me présentant comme un artiste ayant monté des spectacles, ce qui était vrai, mais bon…

Après le repas du soir, je me dirigeais vers le dortoir, allais papoter afin de me fabriquer, comme le ferait un homme politique, mon auditoire.

Pas de lit en cathédrale ou en portefeuille, aucun bizutage. Les élèves m’écoutaient parler de mes spectacles avec beaucoup de respect !

Celui qui allait devenir mon meilleur copain de chambrée, Lucien, n’en revenait pas.

Quel gentil garçon, timide, pas très bien dans sa peau. Enfant, il était tombé depuis un deuxième étage, aussi, de multiples opérations avaient laissé des traces sur son visage, l’obligeant à porter de grosses lunettes qui n’arrangeaient pas les choses.

Nous passions des nuits entières à parler tous les deux, et je sentais tout le bien que je pouvais lui donner et qu’il me rendait.

 

 

 

 

 

 

Attention, syndicaliste !!!

 

Je constatais que les internes n’avaient aucun droit. Aucun local n’était à leur disposition pour aller se détendre, écouter de la musique, il n’y avait évidemment aucun droit de sortie. Certains s’étaient déjà fait pincer en train de revenir du petit troquet qui se trouvait à côté du lycée, et le pinçon coûtait cher ! Je me mettais donc dans la tête de changer tout cela.

J’allais donc voir le proviseur et le censeur afin de leur exposer mon plan. J’étais un « artiste » qui sentait bien que ses congénères, eux, ne se sentaient pas bien.

J’avais en face de moi deux personnes à l’écoute, très tolérantes et vraiment gentilles. Mon entrevue fut un succès.

Les internes virent passer une note de service stipulant qu’une salle de détente serait mise à leur disposition avant et après le repas. Cette salle fut équipée d’un poste de télévision, d’une chaîne hi fi et d’un réfrigérateur géré par les élèves. Du rang d’artiste, je passais à celui de vedette. Un mois après mon arrivée, un petit vent de bien-être soufflait sur l’éducation nationale Savoyarde.

Deux mois plus tard, j’obtenais pour les internes, la permission d’aller pendant une heure après le repas boire le café du Père Antoine au bistrot d’à côté.

Enfin je décidais de monter un spectacle avec les internes. Je faisais installer une scène et quelques projecteurs dans notre « Café de la Gare  » à nous ! Ca y est, mon cœur se remettait à battre. Après avoir fait mon casting parmi les internes, j’étais arrivé à persuader le censeur de libérer de certains cours mes « comédiens » afin de pouvoir répéter avec eux et de présenter un spectacle digne de l’établissement.

Mon Lucien Campilongo faisait partie de cette troupe. Lui que j’avais connu tout timide et recroquevillé sur son accident passé débordait d’idées et le bonheur se lisait sur son visage de plus en pus beau. Il faisait une terminale technique afin d’être menuisier. A la fin de l’année, il avait changé de look, de lunettes, il riait à gorge déployée.

Quel bonheur que de donner du bonheur !

Mon Lucien a fini par devenir animateur au « Club Méditerranée » et l’un des plus connus et des plus brillants, quant aux femmes, je crois qu’il fut l’un des plus grands collectionneurs !!!

Nous avons joué plusieurs fois le spectacle dans notre salle que ce soit aux internes, aux externes et même aux parents.

Le proviseur a même loué un autobus afin que nous allions donner une représentation à Chamonix. Un triomphe ! C’était le début de mes tournées théâtrales !

Je n'étais plus la vedette du lycée, j'étais la "star"!!!

 

Je passais mon bac avec une épreuve de gym au sol, et voici que se présente la vice championne de France qui nous fait une exhibition sensationnelle. Elle obtient 19,5 en figure libre, sous un tonnerre d’applaudissements. Et voilà que l’on m’appelle moi, juste derrière elle ! Je ne me démonte pas et enchaîne comme elle les saltos, rondades et flips. J’essaye de faire du copier coller à ma sauce. Un triomphe ! Tout juste si je n’ai pas droit à un rappel.

Mon prof de gym vient vers moi, les larmes aux yeux, me dire que ça ne valait pas un clou mais que ça avait tellement fait rire tout le monde que j’avais eu droit à un douze. Pas mal pour quelqu’un qui venait de commencer et finissait en même temps d’exercer ce sport !

En maths, ma bête noire, j’obtiens 12 à l’oral. Le bac ne peut m’échapper. Avec un cœfficient de 8, je prends Espagnol en écrit. Je finis mon devoir en un peu plus d’une heure et sors heureux d’avoir bien réussi. Je montre mon devoir à une prof d’Espagnol qui me dit :

« Si c’est moi qui note, c’est un 18 ! »

Le résultat tombe, je n’ai pas mon bac, j’ai été noté 4 en Espagnol. Je suis abasourdi. Je pose une réclamation, la réponse sera :

« La décision du jury est sans appel ».

Ma sœur me demande si je fais une année supplémentaire, ma réponse est négative. Le proviseur, encore une fois se montre grandiose. Il organise à l’extérieur du lycée une big grillades party pour les internes. C’est une des dernières fois que je passerai une soirée avec mes amis de Haute Savoie, les Jeannot, Fifi, Pascal, Thierry la Taupe , et tous les autres sans oublier Laure...

 

Finies mes études. Je suis engagé à nouveau dans ce Village de vacances de Praz sur Arly en Haute- Savoie.

" A tout bientôt !!! "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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18 février 2007 7 18 /02 /février /2007 19:12
Je me retrouve donc en Haute Savoie, employé comme « animateur » pour toute une saison d'été.
Cette région est magnifique. Lorsque le matin j'ouvre les volets de ma chambre, j'ai, en face de moi, cet imposant et lumineux Mont-blanc.
Cela me donne la « pêche » pour toute la journée.
Je n'oublie pas ma « mère Méditerranée » pour autant mais, il est vrai que je sens mon adolescence s'oxygéner et s'épanouir au pied de ces paysages reposants et sublimes.
 
Je ne résiste pas à l'envie de vous donner de petits extraits de « Montagne et amour » de Robert Christian qui compare la montagne à une femme.
 
 «  La montagne escaladait le ciel d'un bleu profond, des blocs de granit épars sur ses flancs. Une végétation dense verdissait entre les blocs gris. Face à ce monstre minéral, je me pris d'amour pour sa beauté sauvage (...) Des chamois glissaient de pierres en pierres, tels mes doigts découvrant tes monts et tes vallées. Mille fleurs printanières embaumaient. Tu exhalais aussi mille parfums que je recherchais avec le nez et la langue.  La montagne dégageait Force et Puissance. On se sentait en Paix. Tu dégageais Calme, Sérénité et Charme. J'avais posé ma tête sur tes genoux. J'étais bien. »
 
J'étais surtout très bien dans ma peau.
Je partais régulièrement avec mes jeunes vacanciers afin de faire des balades dans notre « montagne à vaches » dont les cloches semblaient se répondre dans la vallée. Quel bonheur de manger des myrtilles et autres trésors que la nature nous offrait à chaque détour de chemins, de regarder ce ciel si bleu dans lequel les oiseaux aimaient virevolter, nous accompagnant de leurs chants.
Je garde en mémoire ces odeurs d'herbe fraîchement coupée ou celles du fumier qui donnaient envie de vomir à nos vacanciers de Paris peu habitués.
Ils devaient préférer les suaves parfums du métropolitain !
Nous montions, moi « adulte » de 18 ans, et « mes jeunes » tous les mardis vers une ferme d'alpage afin d'y passer la nuit. Après deux heures de marche, nous arrivions dans l'exploitation agricole de Madame et monsieur Périnet, vue imprenable sur tout le massif du Mont blanc. Certains s'entraînaient à la traite, combien de fois avons-nous dû expliquer la différence entre une vache et un taureau car traire un taureau n'est pas chose aisée...
D'autres allaient chercher les oeufs fraîchement pondus avec notre hôte puis nous passions à table. La fondue savoyarde, préparée maison, était de rigueur. Goulûment, nous jetions notre pain rassis dans les poêlons, la marche, ça creuse, puis nous dégustions le fromage maison, tomme ou reblochon, avant d'aller goûter la fraîcheur de la soirée à l'extérieur.
Mais, pour beaucoup la fondue, quelque peu alcoolisée, vin blanc oblige, repartait aussi sec recouvrir l'herbe verte.
Ensuite nous chantions, jouions aux cartes, puis passions la nuit à dormir dans l'étable tous emmitouflés dans de vieilles couvertures qui nous protégeaient plus ou moins du « piquant » des botes de foin.
Quand je dis « dormir » !!! On peut rêver !
C'étaient des discussions interminables ponctuées de rires incessants.
 
Très tôt, petit-déjeuner. Beurre, pain, fromage et café maison ! Quel plaisir de voir tous ces jeunes si heureux communier avec la nature, avec le vrai, l'authentique. Sauf peut-être la fois où un garçon, la bouche pleine me dit : 
 
« Qu'il est bon ce fromage ! »
Puis, faisant une drôle de tête, il murmura : 
« Oh ! Il y a des choses qui bougent dans ma bouche ».
 
Effectivement, en regardant le morceau de reblochon posé sur la table, je m'aperçus que les asticots semblaient eux aussi l'apprécier énormément.
Je n'ai jamais vu quelqu'un sortir de table aussi vite pour aller recracher quelque chose d'aussi bon et ce, sous les rires de nos deux fermiers. 
 
J'apprenais rapidement à aider mes ouailles à confectionner des bijoux  dans notre « Atelier Emaux sur cuivre » et nous répétions les spectacles que nous proposions aux parents en soirée.
 
Bref, pour moi, c'était « La mélodie du bonheur ».
 
Les spectacles avec mon ami Coco et les membres du personnel faisaient le bonheur de nos vacanciers et le mien. Sur scène mon corps sentait l'adrénaline à plein nez et les applaudissements me mettaient dans un état second.
 
Mais l'été passa très vite, trop vite pour moi.
Je songeais, le moral dans les sabots, à reprendre le train à Sallanches afin de regagner la capitale et mes chères études. A moi cette terminale, à moi le baccalauréat au lycée Jacques Decour.
 
J'arrivais à Paris, la tête pleine de petites fleurs, la bouche au goût de miel de montagne, les yeux tournés vers un nouveau « pays » d'adoption dans lequel même les taons si agressifs deviennent vos amis.
 
Adieu aux innombrables rappels d'un public acquis, aux triomphes éphémères, à la joie de vivre et aux bonheurs combien de fois partagés.
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer la photo de celui qui fut à Paris mon premier "partenaire et ami" sur scène.
Il joua dans de nombreux films fut surnommé "Vahiné, c'est gonflé" mais quitta la vie bien trop tôt, nous laissant orphelins de son rire tonitruant et de sa bonne humeur permanente.
C'est donc lui, l'auteur de "A tout bientôt"...
 
 
 
Raymond Aquilon
                   
         
«  A tout bientôt !!! »      
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8 février 2007 4 08 /02 /février /2007 18:00
                                                                                                       Après quelques galères que vous pouvez imaginer, nous vivons, mes parents, mon frère et votre serviteur dans un logement sur Paris à côté du square d'Anvers dans lequel j'ai usé pas mal de paires de baskets à force d'y jouer au foot. 
Le IX° arrondissement devient mon lieu de vie. Il me faut du temps avant de m'habituer à certaines choses. Par exemple, c'est un peu ridicule mais, en Afrique du nord, on s'habillait "léger", soleil oblige, alors qu'en France Métropolitaine, on se colle le nez à la fenêtre afin de voir si il pleut, s'il fait froid  et on se demande si on va mettre un pull ou deux? On vit en quelque sorte un peu plus replié sur soi afin de garder la chaleur qui n'est pas toujours au rendez-vous dehors! Bon, on ne va pas épiloguer là-dessus.
 

Mes études:
Pas mal, merci! De bonnes notes à l'école Turgot, des prix d'excellence ou d'honneur. J'étais récompensé par de gros recueils rouges que j'avais du mal à soupeser. Magnifiques ouvrages qui me faisaient voyager sur les bateaux de Magellan, de Surcouf et tant d'autres... Pourquoi donc que des livres sur les marins? Mystère! Je ne vous mène pas en bateau, c'est vrai! Un signe du destin, peut-être? Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je serai "Triple Patte le Pirate" dans le film d'Alain Chabat: "Mission Cléopâtre"!
 

Mes passions:
Le football, eh oui! Mon père, génétiquement parlant, ancien gardien de but était sûrement passé par là! Et puis, autre passion dévorante, j'étais "raide dingue" de médecine, je voulais même pratiquer l'art de la chirurgie! Avec les trois sous d'argent de poche que me donnaient de temps à autre mes parents, je m'achetais des revues médicales du genre, "Médecine pour tous". Je les dévorais du matin au soir. Mon père du reste ne comprenait pas pourquoi, comme tous mes camarades de classe, je ne me fournissais pas plutôt en petites "Dinky Toys" ou "Mistral gagnant"? Quant à ma mère, elle était à bout de nerfs. Lorsque j'avais un bout de viande dans l'assiette, je fixais une serviette autour de ma cavité buccale, genre grand patron, et je le disséquais!

"Ton steak
est froid maintenant!" me répetait-elle si souvent. Elle ne se rendait pas compte que, grâce à mon intervention chirurgicale, j'étais en train de sauver un morceau de bavette de boeuf. Pour changer un peu, j'achetais du mou pour chat et j'ouvrais, je farfouillais les alvéoles, je recousais et tentais de mettre en application toutes ces opérations chirurgicales que j'avais repérées dans mes livres de médecine.
 
 
Dans une vie antérieure, j'avais peut-être déjà  exercé  et comme une bande magnétique mal  effacée, il m'en serait resté quelque chose?...
 
 
Après l'école, le lycée Jacques Decour!
Je me suis régalé, du moins les premières années. Toujours de bonnes notes, d'excellents professeurs. Nous les respections car ils le méritaient. Ils étaient vraiment passionnés par leur boulot. Je faisais Anglais et Espagnol, nous avions par semaine une centaine de mots de langage courant à apprendre. C'est quand même mieux que de travailler sur des auteurs très littéraires qui utilisent des " Impératif du plus-que-parfait du subjonctif présent de l'indicatif du passé antérieur!!!" Utilise t-on des temps pareils pour acheter une baguette de pain dans une boulangerie de la ville d'Alcoy ou de Murcie? Apprenons déjà à connaître la traduction du mot pain!!!
 
Bref... Avec le temps, je me rends compte assez vite que les maths et la physique sont deux matières qui, pour moi sont aussi éloignées que les planètes Mars et Pluton. Aussi, la mort dans l'âme, je me résous à penser très sérieusement à ranger le « Scalpel du Professeur Barnard » dans le fond de mes regrets.
Je me tourne donc vers « Raymond Kopa » et m'adonne aux joies du football au Stade Français. Dommage, l'entraîneur de l'équipe Juniors est plus attiré par la bouteille que par le ballon rond ! J'adore le sport et je n'arrête pas. Au lycée, je pratique foot, hand-ball, volley-ball et même rugby !
 
Tous mes copains n'ayant pas de mal à me dépasser en taille, je trouve la parade en compensant par mon côté "pitre, rigolo de la classe".
 
Un prof de maths, Mr Noël, très sévère, me fait régulièrement monter sur l'estrade pour clore les cinq dernières minutes de ses cours. Est-il le déclencheur de ma vie future ? 

« Estrade ou scène, telle est la question ! ».

Toujours est-il que mes copains attendent ce moment avec impatience et je perçois même dans les yeux de ce professeur un certain plaisir à passer un bon moment au travers de mes improvisations "abracadabran mathesques".
Son cours finit invariablement par cette phrase:
 
"Mr Crémadès, c'est désespérant, vous serez obligé d'aller vendre des cravates!"
 
MAI 68: Un tournant pour moi. Tout s'arrête, les cours, la cantine, nous sommes livrés à nous mêmes, mes parents ayant eux aussi des problèmes pour aller travailler, ne s'occupent plus de moi. Avec mes copains, nous nous laissons aller à nos idées les plus farfelues. Bien sûr on va défiler pour faire comme les grands, on essaye d'aller draguer en évitant de se prendre soit des refus, soit des pavés ou pire des coups de matraque sur la tête. Nous avons l'impression de devenir des adultes, les hormones commencent à "chatouiller ou gratouiller". On va jouer au billard Français au « Café des Oiseaux », on organise des tournois de foot, bref, c'est la "glandouille totale"...
Quand les cours reprennent enfin, quelque chose s'est cassée. Les professeurs ont changé, les élèves se sentent investis de nouveaux droits. Nous sommes dans la génération « Il est interdit d'interdire ».
Pour moi, c'est un tournant que j'amorce plutôt mal. Mon père ne va pas bien. Il va de boulot en boulot avec de longues périodes d'inactivité. La joie de vivre ne brille plus dans ses yeux depuis longtemps. Entre la guerre dont il nous parle si souvent, ses amis de combat perdus lors du siège du "Monte Cassino",
sans oublier la perte de son, de notre pays natal...
 
Ma mère, elle, fait bouillir la couscoussière comme elle peut, quant à moi, je « sèche » régulièrement et deviens un grand ponte de la littérature. Les mots d'excuses écrits et signés par mes soins sont légion. J'ai dû , à cette époque, attraper toutes les maladies même les plus tropicales afin d'échapper aux cours.
Non, cet air de liberté que j'ai respiré pendant plusieurs mois m'a été plutôt nocif. 
Les résultats ne se font pas attendre. Au conseil de classe, le verdict est sans appel. Presque tous mes copains « footeux » passent dans la classe supérieure sauf moi. Je redouble lamentablement et vais me retrouver avec de plus jeunes élèves...
 
Ma soeur aînée qui, tout comme mon autre soeur avait arrêté le théâtre depuis un bon moment, se plaignant que les rôles qui lui étaient proposés devaient un peu trop souvent passer par un protocole "Promotion fauteuil d'orchestre", si vous voyez ce que je veux dire, eh oui, déjà à cette époque, il fallait beaucoup donner de sa personne pour faire ce métier... Ma soeur aînée, donc, a la bonne idée de me proposer de passer deux mois de vacances d'été dans un village de vacances dont elle est sous-directrice, et ce, à Praz sur Arly en Haute Savoie.

"Cela te détendra, te permettra de respirer le "bon air de la montagne" et de revenir à Paris gonflé, prêt à faire une bonne terminale?!

Au bout de dix jours, étant un peu un hyperactif, je commence à m'ennuyer et lui demande si je ne peux pas trouver un petit job d'été. Sitôt dit, sitôt fait, je me retrouve propulsé « Animateur pour préadolescents » dans ce même village de vacances. Il faut s'occuper des jeunes, les divertir. Nuits en alpage, Balades en montagne, créations d'herbiers, ateliers en tous genres, montages de spectacles, etc.
Le responsable de l'animation se nomme « Coco ». Quel comédien, quel imitateur, quelle présence, il sait tenir une salle en haleine par son charme, sa gouaille, son charme, bref son talent.
Moi qui suis d'un naturel très timide à tel point que lorsque je me regarde dans le miroir, je n'ose pas m'adresser la parole, je me retrouve face à quelqu'un qui n'a peur de rien. Du moins en apparence!!!
Il me présente un jour à 400 vacanciers qui sont en train de déjeuner et me tend un micro afin que je puisse m'exprimer. Pour la première fois de ma vie, je me retrouve un micro à la main face à des étrangers.
Je comprends la peur et la solitude des esclaves face aux lions dans une arène Romaine !!!
Je le vois reculer d'un pas  et faire signe discrètement à ce public en attente que « le petit est paralysé de peur. Il a les pétoches !» Mon sang ibérique ne fait qu'un tour dans mes orgueilleuses veines et je reproduis le discours qu'il a lui-même tenu avec mes mots, ma hargne et un immense sourire qui lui fera dire une fois sorti de la salle à manger :
 
« C'est génial, tu as déjà fait ça toi !? »
   
" Monsieur CHARLOT"
  (Avec une de mes soeurs....)
Je pense que là, à ce moment précis, ma vie venait de basculer encore une fois. Finie ma timidité, le bonheur venait de couler dans mes artères. Je découvrais la scène, le public, la célébrité car étant un animateur, beaucoup de choses m'étaient permises, notamment celles de pouvoir regarder les femmes et de les trouver plus désirables les unes que les autres?
 
" A tout bientôt !!! "
 

 

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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 12:13

                Au commencement… Mes parents.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma mère est native d’Alicante en Espagne et ses parents, par peur d’une « guerre civile » en Espagne l’envoient à Oran (Afrique du nord) chez  la famille afin de la protéger. Bonne idée ! A l’âge de 16 ans elle fait la connaissance de mon papa, gardien de but de l’équipe de football du « CDJ » de cette même ville et là leurs vies basculent puisqu’ils se marient et un an plus tard ma première sœur vient au monde suivie par la seconde et enfin mon frère. J’ai une pensée pour deux autres sœurs « jumelles » décédées à un trop jeune âge. La médecine avait ses limites à cette époque là !

 

 

 

 Enfin, un certain 23 mars 1955, mon entrée en scène ! Je suis né à Kouba, petite banlieue d’Alger. Je suis donc Français d’origine avec du sang Espagnol et donc bon « Pied noir ».

 

 

 

 Dans mon vocabulaire, les mots « Colons ou Colonialisme », n’existent absolument pas. Un peu de politique, très peu, car j’ai très vite appris qu’à cause de cette même politique on perdait beaucoup d’amis et que ceux que l’on se faisait, issus de ses idées, n’étaient pas toujours « de vrais amis »…

 

 

 

 "Avec mon frère Pierre"

 

Mon père après avoir fait avec « bravitude » la seconde guerre mondiale au nom de la Patrie était représentant de commerce, souvent sur les routes, ma mère commencera à travailler plus tard comme vendeuse dans un magasin de vêtements.  Nous étions une famille modeste. Mes amis se nommaient Elie, Mohammed, Ahmed ou encore Chalom…

Pour chaque Noël, au pied de notre sapin, à côté de nos chaussures, on trouvait les « babouches » de nos voisins Musulmans. Le lendemain, ils venaient chercher les cadeaux que mon père « Noël » avait disposés. Deux jours plus tard pour nous remercier, les voisins nous invitaient à aller manger le couscous chez eux.

Malheureusement cette entente forte et si sympathique entre toutes ces communautés fut mise à mal par des politiciens et quelques individus ivres d’une « pseudo » liberté mais surtout ivres de « pouvoir ». Cette belle Algérie allait devenir un champ de bataille. Des colons, il y en a eu, des « cons », il y en a partout, mais ce n’était certainement pas la majorité de la population qui vivait en harmonie, croyez-le ! On ne peut pas refaire l’histoire, que l’Algérie soit indépendante est peut-être une bonne chose mais combien d’être humains et de familles sacrifiés !

 

 

 

Tournons cette page si douloureuse pour beaucoup d’individus, de toutes religions confondues !!!

 Etant le dernier de cette fratrie, je peux dire que j’ai été gâté.  

Mes sœurs, prenant déjà dans des cours d’art dramatique avec entre autre leur grande copine Marthe Villalonga, chez qui j’allais régulièrement ramasser des figues dans le jardin de ses parents, réussirent à décider mon père à les laisser partir faire des études de comédiennes à Paris. Il finit par abdiquer et les voilà à vivre toutes les deux à Paris leur « Bohême » aidée en cela par le « Grand Charles », Charles Aznavour, vous m’avez compris…

 

 

Bien que petit en âge et déjà en taille, je suis allé vivre quinze jours chez elle à Paris dans un studio. Elles jouaient au théâtre, j’allais les applaudir tous les soirs. Elles se couchaient tard, se levaient tard, quant à moi, j’avais mes entrées chez « Wadja » un restaurant à côté de leur domicile où, invariablement tous les midis, je dégustais une cervelle d’agneau servie avec des pommes de terre. J’adorais ça et ça me changeait des plats un peu plus épicés d’Algérie.

 

Paris a été pour moi une rencontre déterminante.

 

 

 

 

 

 « Dès l’aérogare, j’ai senti un choc » !

Et puis la Tour Eiffel  ! Quelle merveille ! Tous ces monuments ! La Seine  ! Que du rêve pour un gamin !

 

Aussi à mon retour, lorsque mes parents, qui avaient essayé de faire quelques valises à « l’arrache », m’apprirent que l’on quittait Alger précipitamment pour aller sur Paris, je ne fus pas plus perturbé que cela. C’est dans l’avion, lorsque je les ai vu pleurer tous les deux tout le temps du voyage, que j’ai compris que quelque chose d’important s’était passé !!!

 

 

 Adieu cette douce chaleur, ce soleil de vie, ce ciel si bleu, cette mer Méditerranée si belle dans laquelle j’avais pu me baigner, pêcher, rêver,  bercé dans une douce préadolescence.

 

 

C’était fini toutes ces plages de sable fin sur lesquelles nous allions déguster les bonnes « tortillas » faites par ma mère le jour de repos de mon père que je revois fièrement dans sa « Dauphine » tenant entre ses deux mains le volant.

 

 

 

« Je surprenais mon père en flagrant délit d’humanité » et permettez-moi de faire ce parallèle avec encore Marcel Pagnol :

Alors le petit Marcel se montre, brandissant les deux "bartavelles" énormes, et crie de toute ses forces :


"Ils les a tuées ! Toutes les deux ! Il les a tuées !"

Et dans mes petits poings sanglants d'où pendaient quatre ailes dorées, je haussai vers le ciel la gloire de mon père en face du soleil couchant.

 

 

Mais notre SOLEIL s’était belle et bien couché, et c’est sans gloire et sous une pluie battante que notre avion « Caravelle » se posait à l’aéroport d’Orly.

 

 

 

 

 

 Une nouvelle vie allait commencer pour moi…

 

Pour achever ce premier article, j’utiliserai les mots de mon ami Raymond Aquilon .

 

 

 

 

  " A tout bientôt !!! "

 

 

 

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